L’INTRUS, Roman
(éditions Durand-Peyroles, 2010)
Un homme, célibataire,
fonctionnaire banal, décrit en 101 brefs chapitres les difficultés qu’il
rencontre depuis qu'il doit cohabiter dans son appartement avec une chose, une
sorte de monstre qui ressemble à une masse froide et informe qui change parfois
d'apparence, mais demeure toujours très encombrante, apparaît et disparaît
quand elle le désire et lui pourrit la vie de mille manières, directes et
indirectes. Est-ce un être réel ? Est-ce une création de son esprit?... C'est
le récit d'une humiliation quotidienne, absurde, incontrôlable, triste et
comiqueà la fois. Une réflexion sur le monstrueux. Le narrateur est assez
désabusé, ne croit pas trop qu'il puisse un jour retrouver une vie normale.
Chaque aspect de sa vie est transformé par cette présence non désirée, il est
très troublé, très perturbé par ce qui lui arrive et il semble incapable de
faire quoi que ce soit de concret pour se débarrasser de cet « intrus » qui
paraît faire de son mieux pour n’être rien d’autre qu’une gêne. Ce monstre, ce
tas de boue puant, suintant et qui n’a semble-t-il d’autre raison d’exister que
d’être un obstacle au bien être de celui qu’il a choisi de hanter, agit comme
un corps étranger introduit dans une existence par trop banale.
Il s’agit d’un univers
à la fois très quotidien, ordinaire, et totalement absurde, loufoque. L’aspect
bizarre des évènements est présenté comme une chose éminemment réaliste. Comme
il s’agit de l’histoire d’une intrusion, il était important que l’étrange se
glisse dans le quotidien et non d’inventer un monde objectivement irréel qui
s’impose à la narration.
Le burlesque et le
tragique se côtoient dans ces textes sans que jamais l’un ne prenne le pas sur
l’autre. Le comique des situations dans lesquelles le narrateur est impliqué
est en même temps une véritable souffrance pour lui. Il vit dans une absurdité
habituelle et ne trouve pas de moyens ni de personnes susceptibles de lui venir
en aide.
Editions Durand-Peyroles, 18 Euros,
ISBN-10: 2915723303
ISBN-13: 978-2915723304
ISBN-13: 978-2915723304
Disponioble dans toutes les librairies sur commande et sur les sites de vente en ligne:
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Présentation:
Imaginez un instant qu’une espèce
de masse gluante, polymorphe, noire et puante apparaisse un beau jour dans
votre vie pour ne plus jamais vous quitter. Pas drôle, me direz-vous...
D’autant moins que le monstre en question n’est pas fin et que, lorsqu’il est
en colère, il peut très bien se muer en tremblement de terre ou dévorer des
villages entiers ! C’est pourtant bien avec cette vilaine compagnie que doit
composer quotidiennement le héros de L’Intrus, le premier roman de Joaquim Hock
(que les fidèles du Grognard connaissent bien) paru aux éditions
Durand-Peyroles.
Ce livre fait songer, forcément,
à La Métamorphose de Kafka, au K de Buzzati ou au Horla de Maupassant, mais ces
références ne retirent rien à l’originalité et à l’élégance du roman de Joaquim
Hock qui, avec beaucoup d’humour et de second degré, nous narre les
innombrables mésaventures de son petit comptable sans envergure aux prises avec
cet être sombre et imprévisible qui passe son temps à l’humilier et à lui
pourrir la vie. Car la Chose ne lui laisse guère de répit et le suit partout,
au restaurant, lors des rendez-vous galants, dans la rue, au bureau, et même à
la guerre où la sale bête, également amatrice de cadavres, s’en donne à cœur
joie et décime à l'occasion, quand elle est d'humeur sanguinaire, des
bataillons entiers...
Malgré son ton léger et badin,
L’Intrus est un roman beaucoup plus profond qu’il n’y paraît au premier abord :
c’est même, par certains aspects, un roman très oppressant, très angoissant.
Car plus les chapitres défilent et plus le doute s’immisce en nous : et si
cette détestable entité collée aux basques du héros n’était rien d’autre que le
symbole du combat tragique qu'en tant qu’individu nous devons mener
quotidiennement contre les autres, contre le monde, le destin, mais aussi
contre nous-mêmes, contre nos propres peurs et nos propres zones d'ombres ?
Les illustrations de Joaquim
Hock, aussi naïves qu’espiègles, complètent merveilleusement son récit et
participent à créer un univers original, où poésie et ironie s’équilibrent
parfaitement.Une belle réussite, donc, pour cette première publication. Et nous
attendons d’ores et déjà la suite avec impatience.
Stéphane BEAU
INTERVIEW DE JOAQUIM HOCK
Non de non : Vous venez de
publier un premier roman, L’Intrus, aux éditions Durand-Peyroles. Comment
décririez-vous ce livre ?
Joaquim Hock : C’est un roman par
fragments qui forme un tout que j’espère cohérent. La narration se fait par
touches successives, non linéaires. Il s’agit de la vie d’un homme,
célibataire, fonctionnaire banal, qui décrit en 101 brefs chapitres les
difficultés qu’il rencontre depuis qu'il doit cohabiter dans son appartement
avec une sorte de monstre qui ressemble à une masse froide et informe qui
change parfois d'apparence, mais demeure toujours très encombrante, apparaît et
disparaît quand elle le désire et lui pourrit la vie de mille manières,
directes et indirectes. Est-ce un être réel ? Est-ce une création de son
esprit... ? C'est le récit d'une humiliation quotidienne, absurde,
incontrôlable, triste et comique à la fois. Le narrateur est assez désabusé, ne
croit pas trop qu'il puisse un jour retrouver une vie normale. Chaque aspect de
sa vie est transformé par cette présence non désirée, il est très troublé, très
perturbé par ce qui lui arrive et il semble incapable de faire quoi que ce soit
de concret pour se débarrasser de cet « intrus » qui paraît faire de son mieux
pour n’être rien d’autre qu’une gêne. Ce monstre, ce tas de boue puant,
suintant et qui n’a semble-t-il d’autre raison d’exister que d’être un obstacle
au bien-être de celui qu’il a choisi de hanter, agit comme un corps étranger
introduit dans une existence par trop banale. Le pire étant que malgré ses
demandes, personne ne semble avoir envie ou être en mesure d’aider le
narrateur. Beaucoup de gens ne s’étonnent d’ailleurs pas de la présence de cet
intrus chez lui et le prennent pour « son ami »…
NDN : En lisant L’Intrus,
plusieurs références me viennent à l’esprit : La Métamorphose de Kafka, Le
Horla de Maupassant, Le K de Buzzati, avec une touche de naïveté à la Queneau…
Certains de ces auteurs comptent-t-ils parmi vos livres de chevet ou vos
références sont-elles ailleurs ?
JH : Ces références me
conviennent parfaitement. Ce sont des auteurs que j’apprécie beaucoup et qui
m’ont sans doute appris à prendre goût au fantastique qui s’immisce dans la
réalité quotidienne. De Kafka, j’apprécie surtout l’humour. On a trop tendance
à en faire un auteur « grave » ; non qu’il ne soit pas sérieux et d’une très
grande pénétration, mais on oublie trop souvent qu’il y a des scènes d’un
burlesque étonnant dans Le Procès par exemple comme le faisant remarquer son
premier et meilleur traducteur français Alexandre Vialatte qui dressait un
parallèle avec les films de Charlot que Kafka connaissait bien.
Buzatti est un de mes auteurs de
chevet, en effet, et Maupassant m’intéresse pour son style sobre et son
efficacité narrative.
Quant à Queneau, il est sans
doute au sommet de mon petit panthéon littéraire. La découverte du Chiendent a
été un choc pour moi. Parmi ce qui a pu m’influencer dans L’Intrus, je citerai
aussi un texte peu connu de lui, sans doute ce qu’il a écrit de plus fou, Saint-Glinglin
auquel je fais une petite référence amicale.
Je citerai aussi parmi ce qui a
pu m’influencer, la série télévisée danoise « L’hôpital et ses fantômes » de
Lars von Trier. Difficile d’en parler en quelques mots, mais c’est un
chef-d’œuvre de drôlerie et d’horreur. Mélange qui me plaît beaucoup.
Mais j’espère que ces influences
ne sont pas directes car je m’efforce de digérer le mieux possible toutes ces
bonnes nourritures et je ne cherche pas consciemment à imiter car l’imitation
me fait horreur…
NDN : Il me semble par ailleurs
que vous n’hésitez pas à affirmer votre sympathie pour la pataphysique ?
L’Intrus est-il un roman « pataphysicien » ?
JH : J’ai lu Ubu Roi quand
j’avais 10 ans et depuis Jarry est resté très présent dans ma vie. La
Pataphysique est une chose très sérieuse. La définition pataphysique de Dieu
est d’ailleurs d’une désarmante rigueur « Dieu est le point tangent de zéro et
de l’infini » ! affirmait le Docteur Faustroll. Ce mélange de folie contrôlée
et de drôlerie tout en traitant parfois de choses hautement profondes si j’ose
dire, a toujours été à la base de mon travail d’écrivain et de plasticien.
Faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux, c’est un peu la base
pour moi.
NDN : Sous son côté léger et
quelque peu potache, j’ai trouvé que L’Intrus était au final un roman très
oppressant, angoissant. J’ai eu plusieurs fois l’impression que cette entité
détestable, gluante et sombre, qui pourrit la vie de votre héros pouvait
également être appréhendée de manière allégorique, comme symbolisant en quelque
sorte tout ce qui fait que la vie quotidienne de chaque individu relève
forcément d’un combat contre les autres, contre le monde, le destin, mais aussi
contre lui-même, contre ses propres peurs et ses propres zones d'ombres. Cette
dimension « philosophique » que l’on peut trouver à votre roman est-elle
importante pour vous ?
JH : Oui, très importante. Ce
n’est pas parce que c’est rigolo qu’il ne faut pas avoir la trouille et ne pas
réfléchir. La vie en général est un cirque terrifiant. Ma manière d’accepter
les côtés inacceptables de la vie est de raconter des histoires qui sous
couvert de potacherie et de loufoquerie traitent de tout ce qui peut angoisser
ou révolter l’Homme. J’aime le terme « insolite ». Ce qui est insolite, c'est
ce qui est inquiétant et étrange mais drôle. Pourquoi est-ce drôle ? Parce que
si ça ne l’était pas ce serait insupportable.
J’ai remarqué que les personnes
qui on lu mon roman en font des analyses parfois très différentes. Les lecteurs
y voient leurs problèmes, leurs angoisses, ce qui me rassure car je ne voulais
pas faire un texte dont l’analyse aurait été trop simple. Il y a plusieurs
lectures possibles de cette histoire. On m’a notamment parlé du problème de
l’indifférence du monde extérieur pour les soucis du narrateur. Certaines personnes
y voient une parabole sur le côté de plus impersonnel des relations humaines.
Sur le « chacun sa merde » qui règne souvent en maître dans le monde actuel.
J’accepte ce genre d’explication comme je peux accepter d’autres visions qui
mettent plus l’accent sur l’angoisse métaphysique ou la satire sociale. J’aime
l’idée que l’on peut y voir ce que l’on veut et que cela révèle des choses sur
le lecteur.
Le héros de mon roman ne fait pas
grand-chose pour être sympathique, mais il ne mérite pas cette indifférence,
cette solitude. On peut d'ailleurs penser que cette solitude n'en n'est plus
une « grâce » à son intrus. D'où mon idée de lui faire accepter petit à petit
la présence du monstre jusqu'à ce que le narrateur ne se sente plus chez lui et
laisse la place à l'Intrus... il oublie qu'il est une victime à force de vivre
dans l'enfermement psychique voulu par le monstre.
Le monstre est aussi le symbole
d'un monde qui laisse les individus seuls face à eux-mêmes. D'un monde où on
est très vite oublié. La seule personne qui n'oublie pas le narrateur, c'est le
monstre. Toutes ces incompréhensions, toutes les façons dont le narrateur doit
faire face à cette intrusion sont pour moi des versions folles et burlesques de
vrais problèmes et de vrais drames que l'on peut vivre dans la vie de tous les
jours. J'espère avec cette parabole peut faire un petit peu comprendre que
beaucoup de rapports entre être humains sont faux.
NDN : En plus d’être auteur, vous
êtes aussi illustrateur. Comment ces deux domaines artistiques se combinent-ils
chez vous ?
JH : Je n’ai jamais choisi entre
l’un et l’autre. J’aime autant écrire que dessiner ou peindre. J’ai
l’impression de faire le même travail en racontant des histoires et en
dessinant. Quand je peux mêler les deux comme c’est le cas pour L’Intrus, c’est
l’idéal.
NDN : Quels sont vos projets pour
les temps à venir ?
JH : Continuer à écrire. J’ai
terminé un autre roman qui s’inscrit aussi dans le genre fantastique au sens
large. Je vais essayer de le publier bien entendu. C’est un texte plus long et
plus linéaire, une sorte de satire du monde scientifique qui raconte la vie
d’un homme né sans squelette et qui devient la victime des médecins qui
l’étudient.
Je suis actuellement en train de
travailler à un nouveau texte qui mêlera aussi le réalisme, le naturalisme
même, et le fantastique, mais il y a encore beaucoup de travail car
j'utiliserai plusieurs niveaux de narration.
Sinon, je cherche des éditeurs et
des galeries qui pourraient être intéressées par mes illustrations et mes
dessins, comme toujours.
Entretien réalisé par messagerie,
août 2010 et publié sur le blog : http://nondenon-webzine.blogspot.com/2010/09/cherchez-lintrus.html
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